Peut-on vivre normalement avec une prothèse ?
La réponse à cette question est mitigée : oui et non.
Oui, il est possible de vivre pratiquement normalement avec une prothèse si vous avez des activités quotidiennes habituelles et des activités sportives raisonnables, car la majorité des prothèses redonne une articulation indolore, une bonne mobilité et, au total, une fonction proche de la normale.
Cependant, il existe des limites : les mouvements de trop grande amplitude sur certaines articulations (hanche, épaule) risquent de déboîter (luxer) la prothèse et une activité physique intensive sera responsable d’une usure plus rapide de la prothèse.
De plus, certaines prothèses sont probablement plus fragiles (notamment celles du coude et des doigts) et nécessitent des activités physiques plus modérées (éviter le port de charges lourdes, activité sportive adaptée, etc.).
Mais nous vous conseillons de prendre certaines précautions : Attention vivre normalement, ce n’est pas vouloir à tout prix vivre comme avant !
Il est préférable de réaménager son existence, de se fixer de nouvelles priorités , de nouveaux objectifs ou de nouveaux plaisirs.
- Faites surveiller régulièrement votre état buccodentaire et faites tous les soins sous couvert d’une antibiothérapie adaptée. Les soins de pédicurie doivent être peu agressifs et effectués par un professionnel.
- Évitez les injections intramusculaires ou sous-cutanées au contact de la prothèse (risque d’abcès).
- Consultez rapidement votre médecin en cas d’infection : angine, bronchite, infection urinaire, sinusite, etc., pour un examen et une éventuelle prescription d’antibiotiques.
- Consultez rapidement votre chirurgien si la cicatrice est chaude, rouge, douloureuse, s’il y a un écoulement par la cicatrice, si vous avez de la fièvre et des douleurs de l’articulation opérée.
- Pas de traitement antibiotique à l’aveugle (sans un prélèvement pour identifier le germe qui peut être dans votre prothèse).
Ce prélèvement est délicat et nous vous conseillons de le faire dans un service de chirurgie spécialisé avec une
équipe expérimentée.
Un traitement antibiotique prescrit trop vite, sans identification préalable du microbe, risque d’induire des difficultés thérapeutiques considérables, car le microbe ne peut plus être identifié.
Enfin, si vous partez en voyage dans un pays lointain, dont le système de santé est rudimentaire, consultez votre médecin au moins un mois auparavant pour faire le point et pensez à souscrire une assurance avec rapatriement sanitaire.
Notre avis : On peut vivre normalement » quand on a une prothèse, si l’on a une hygiène de vie rigoureuse.
Au bout de combien de temps le résultat définitif de l’intervention est-il obtenu ?
Bien sûr aucun traitement chirurgical ne peut rendre à une articulation malade toutes les propriétés d’une structure normale, saine, mais le remplacement prothétique peut vous libérer de la douleur et rétablir une grande partie des capacités fonctionnelles.
Après l’opération, le bénéfice sur la douleur est souvent très précoce : le lendemain ou le surlendemain de l’intervention, vous ne ressentirez plus les douleurs que vous aviez avant celle-ci.
Cependant, il persiste un inconfort lié à l’intervention ellemême, qui va durer quelques semaines, le temps de la cicatrisation. Et il faut souvent au moins 6 mois pour obtenir le résultat définitif.
Prenons l’exemple de la prothèse de la hanche : la reprise des mouvements va progressivement se développer au cours des 2 mois suivant l’intervention.
Les muscles ont besoin de plusieurs semaines pour retrouver leur force et pour donner, au niveau du membre inférieur, une marche solide et régulière.
En pratique, 2 mois et 1/2 à 3 mois après l’intervention, vous allez acquérir la majorité des bénéfices que peut apporter la prothèse : l’indolence, la solidité » lors de la marche, la possibilité demarcher longtemps.
C’est en général la période de reprise du travail. Mais de petits inconvénients vont persister encore quelques mois : difficulté au démarrage après la station assise ou douleurs au début d’un mouvement, après immobilité prolongée, fatigabilité musculaire, voire quelques crampes nocturnes ?
En pratique, il faut environ 6 mois, parfois 12 mois, pour obtenir l’optimum du résultat après une intervention sur le membre inférieur.
Pour les prothèses du membre supérieur (épaule, coude, doigts), l’obtention du résultat est plus rapide, environ trois à quatre mois.
L’aspect définitif de la cicatrice n’est obtenu qu’au bout de 12 mois. Le résultat final dépend de la qualité de la peau et dans certains cas, elle peut être un peu disgracieuse ou même inflammatoire.
En cas de cicatrice inesthétique, un avis spécifique auprès d’un médecin dermatologue est souvent utile (prescriptions de crèmes ou soins locaux adaptés).
Notre avis :
Il est nécessaire d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une intervention baguette magique » : il faut un certain temps (différent selon chacun) pour tirer tout le bénéfice de l’intervention. Le maître mot de la récupération après une prothèse articulaire est la reprise harmonieuse de l’activité qu’il s’agisse de l’amplitude des mouvements, du travail musculaire ou de la mise en charge pour les membres inférieurs.
La reprise doit être progressive et ainsi tout se passera le mieux possible.
Peut-on oublier » une prothèse ?
L’oubli » d’une prothèse est le vrai but recherché.
Il dépend de la fonction articulaire que donne la prothèse et aussi de l’idée que l’on s’en fait. Pour « oublier », il faut une articulation indolore permettant les mouvements usuels avec une bonne force (demarche ou de préhension). Il faut, de plus, avoir admis que ce n’est pas un « corps étranger » mais une partie de soi.
On peut, toutes proportions gardées, faire une comparaison avec un appareillage dentaire (bridge, implant) que l’on sent dans la bouche pendant 8 à 15 jours puis que l’on « oublie » complètement. Il en est de même avec une prothèse articulaire si celle-ci donne le résultat prévu.
Selon les articulations, les prothèses s’oublient plus où moins aisément. On peut dire qu’à la hanche, la prothèse s’oublie » 8 fois sur 10 en 1 an environ, au genou ce n’est que 5 fois sur 10 qu’elle « s’oublie » en 1 an à 18 mois.
Dans les autres cas persiste l’impression de sentir sa prothèse, ce qui est souvent bien toléré. Malgré tout, même dans ces cas, le résultat fonctionnel reste satisfaisant. Au membre supérieur (épaule, coude, main), on ne « sent » plus sa prothèse mais on peut être gêné(e) par le déficit fonctionnel qui persiste.
Notre avis : Il ne faut pas vous demander si vous sentez » ou non votre prothèse mais vous attacher, dès les premiers jours, à apprécier les mouvements possibles, en les comparant à ceux que vous pouviez effectuer avant l’opération.
Doit-on suivre un régime alimentaire particulier en vue d’une intervention ou lorsque l’on a une prothèse ?
Avant l’intervention, il n’y a pas de régime particulier, excepté un régime amaigrissant si vous avez un surpoids (nous vous conseillons de faire appel à une diététicienne ou à un médecin nutritionniste pour vous guider et vous surveiller).
Il faut privilégier les aliments riches en fer (viande rouge, boudin noir, barres énergétiques de céréales enrichies en fer, etc.) pour lutter contre la carence liée aux prélèvements de sang, en cas d’autotransfusion et ne pas consommer trop d’excitants (thé, café ou alcool).
La veille de l’intervention, il est conseillé de manger légèrement et de boire beaucoup d’eau, et à partir de minuit, de ne pas fumer et de rester
à jeun : c’est la règle du rien après minuit ».
Ces règles actuelles de jeûne peuvent être modifiées par votre médecin anesthésiste.
Pendant l’hospitalisation, vous n’aurez pas faim (parfois dégoût de certains aliments) : ceci est habituel et passager.
Par la suite, il n’y a pas de régime alimentaire particulier à suivre. L’anesthésiste pourra, dans certains cas, vous conseiller de continuer les barres énergétiques de céréales enrichies en fer pendant quelques semaines, si vous avez encore de l’anémie.
À distance de l’intervention, il faut surveiller votre poids, car l’obésité est l’ennemie des prothèses de hanche, genou et cheville.
Notre avis : Pas de régime particulier pour l’intervention.
Quand on a une prothèse, un régime alimentaire varié et équilibré, associé à une activité physique régulière, est vivement conseillé.
Garde-t-on parfois des douleurs après la mise en place d’une prothèse ?
Oui, malheureusement, certaines personnes peuvent continuer à souffrir alors que la prothèse est bien en place, qu’il n’y a pas d’explication mécanique aux douleurs et que tout est satisfaisant sur les radiographies.
La prothèse remplace l’articulation détruite, en revanche l’environnement de la prothèse c’est-à-dire la capsule, les tendons, les ligaments et les muscles ne sont pas remplacés.
Il est donc possible de garder quelques douleurs après le remplacement prothétique en regard des tendons, des bourses séreuses ou des muscles (tendinite, bursite, contracturesmusculaires) : ces douleurs sont le plus souvent modérées. Si elles sont importantes ou invalidantes, il faut revoir le chirurgien.
Il peut s’agir aussi, de douleurs projetées, d’une autre origine : par exemple douleurs de la colonne vertébrale, sciatique ? Il peut également persister quelques douleurs en regard de la cicatrice qui finissent par disparaître ou devenir très peu gênantes.
Malgré tout, dans de rares cas, aucune cause évidente n’est décelée, et le chirurgien ne trouve pas d’explication précise à la gêne ressentie.
La surveillance régulière de la prothèse par le chirurgien est alors nécessaire.
Notre avis : En général, les douleurs de l’articulation opérée s’estompent et disparaissent spontanément après quelques mois.
Néanmoins, certaines personnes peuvent garder des douleurs en regard de la prothèse : l’articulation est changée (remplacement par une prothèse) mais les muscles et les tendons restent. Ces douleurs doivent rester légères et passagères. Si elles persistent ou s’aggravent, il faut revoir le chirurgien.
Doit-on revoir le chirurgien lorsque l’on a une prothèse ?
Une surveillance clinique et radiologique de la prothèse, un dépistage précoce des complications éventuelles et la mesure du degré d’usure tous les ans ou tous les 2 ans sont fondamentaux afin d’éviter tout retard diagnostique d’éventuelles complications.
Notre avis : Un suivi régulier par votre chirurgien, même si tout va bien, est nécessaire, tous les ans ou tous les 2 ans. Ayez le réflexe d’un contrôle technique périodique comme pour votre véhicule !